« La réflexion sur l’avenir n’a de sens que si elle est permet de mieux réfléchir sur le présent et les tendances qui le façonnent »
(FB - 1998)
« Les forces anti-démocratiques et xénophobes de l’Europe ont toujours été attirées par le rêve d’unité européenne, la mystique de la Rome impériale »
(FB - 1998)
" Etre citoyen est un acte bénévole "
(FB - 2009)

La fin de l’Europe? L’Union Européenne en panne de démocratie – Intervention de Régis Jamin à la conférence de Menton du 18 mars 2023

Menton, 18 mars 2023 – Le grand vainqueur des élections Européennes depuis des décennies aura été le parti des abstentionnistes avec en moyenne un citoyen sur deux qui s’abstient.

 

Ainsi lors du dernier scrutin européen en 2019, sur les 427 millions d’électeurs répartis sur les 28 états membres, ce sont donc 230 millions de citoyens qui se sont abstenus.

 

C’est hélas le chiffre constant d’abstentions que nous avons prédit de scrutin en scrutin depuis que nous publions des études sur les différents supports et articles au sein des associations animées par feu Franck Biancheri depuis une trentaine d’années.

 

 

Nous décrivions d’ailleurs toujours les mêmes symptômes de ces déficits démocratiques :

 

Un système électoral non égalitaire :

Le principe démocratique de base « un homme, une voix » ne peut être respecté faute de liste électorale unique, des votes doubles sont donc possibles ;

Les règles de participation sont inégalitaires, par exemple certains pays tels que la Grèce, la Belgique, Chypre, la Bulgarie ou le Luxembourg ayant instauré le vote obligatoire ne reflètent pas la participation globale;

D’un pays à l’autre, les règles des scrutins varient entre des scrutins de listes régionales ou nationales ou des scrutins préférentiels avec ou sans seuil de représentation ;

L’âge limite pour être candidat est différent entre les états, dans plus de la moitié d’entre eux, il est nécessaire d’avoir au moins 18 ans pour se porter candidat. Mais certains pays ont des règles plus drastiques: en Italie et en Grèce, l’âge minimum est de 25 ans, en Roumanie, 23 ans;

La date du scrutin et la durée du vote ne sont pas les mêmes pour tous les états.

 

Une campagne électorale uniquement centrée sur les enjeux nationaux :

L’abstention est en souvent la plus forte dans les pays où les listes populistes réalisent leurs meilleurs scores ;

Les gouvernements nationaux sont souvent sanctionnés par un vote contestataire, la plupart des grands partis nationaux démontrent ainsi leur incapacité à instaurer un véritable débat sur les enjeux européens lors de ces scrutins;

Ce rendez-vous des partis avec les citoyens européens montre le fossé qui s’est creusé entre l’offre politique et la demande citoyenne de véritables projets Européens.

 

Un vote qui peut sembler inutile et inefficace à l’électeur :

Le grand nombre de listes et programmes est souvent synonyme de confusion pour le citoyen Européen, avec en moyenne plus de 20 listes par pays pour un total de 500 listes dans toute l’Union pour élire 750 parlementaires, il est impossible d’identifier autant de projets pour l’Europe.

 

Un manque flagrant d’information et de publicité lors des scrutins :

L’occasion n’a jamais pu être saisie d’instaurer de nouvelles règles de communication et de financement des campagnes car la tâche était ardue, pour des médias déjà bien peu incités à subventionner une information qui ne leur rapportait pas de clients, que de faire respecter l’équilibre des temps de parole dans la pléthore de listes régionales ou nationales.

 

Un système de collecte des votes archaïque :

Malgré que l’immense majorité des citoyens a accès à internet, on aurait pu compléter le système électoral classique en autorisant l’usage du vote par internet, qui s’il ne règle pas les problèmes précédemment cités, aurait permis de faciliter le vote en allongeant sa durée et permettant ainsi à de nombreux abstentionnistes de pouvoir voter de chez eux ou de leur lieu de travail.

 

Au sein de nos associations, nous avions pourtant démontré dès le début des années 2000 avec le projet Eu-StudentVote la puissance mobilisatrice de l’usage d’internet pour répondre à ces lacunes.

 

Ainsi après 5,5 millions de visites sur le site en 5 langues d’EU-StudentVote pendant toute la campagne pour l’élection d’un conseil des étudiants européens, provenant de 2.500 universités et écoles des pays de l’Union Européenne, 82.689 étudiants avaient participé à ce premier événement mondial de e-démocratie en votant par internet.

 

EU-StudentVote aura ainsi réellement démontré ce que pourrait être le futur d’une nouvelle démocratie Européenne.

 

« C’est la première fois dans l’histoire de l’Union Européenne que des citoyens ont pu voter au niveau de l’Europe pour des listes trans-européennes. A cet égard, ces étudiants des 15 états de l’Union Européenne auront été les pionniers de ce qui restera la première expérience à grande échelle de e-démocratie de l’histoire » soulignait Franck Biancheri, Président d’EU-StudentVote.

 

Régis Jamin, fondateur de Election-Europe et cofondateur de EUSV et TIESWEB