« La réflexion sur l’avenir n’a de sens que si elle est permet de mieux réfléchir sur le présent et les tendances qui le façonnent »
(FB - 1998)
« Les forces anti-démocratiques et xénophobes de l’Europe ont toujours été attirées par le rêve d’unité européenne, la mystique de la Rome impériale »
(FB - 1998)
" Etre citoyen est un acte bénévole "
(FB - 2009)

EGEE 1: Comment un projet de méga-rave d’étudiants à Paris se transforme dans le lancement du premier mouvement AEGEE… Entretien avec Philippe Micaelli

16 Avril 1985: 1° journée du congrès EGEE1: une semaine pendant laquelle plus de 300 étudiants européens allaient rencontrer des femmes et des hommes politiques dans le cadre de séminaires et de réceptions, faire la fête à Paris et sans le savoir être les fondateurs d’un des premiers mouvements étudiants européens aujourd’hui. Une semaine qui allait marquer, sans que les étudiants organisateurs de cet évènement soient encore vraiment conscients, dont Franck Biancheri à leur tête, le départ d’une grande aventure européenne: faisant, d’une part, du monde étudiant un acteur à part entière de la construction européenne; et, d’autre part, bouleversant le cours de la vie de milliers d’étudiants européens depuis cette date. Car à partir de là sera lancé le réseau AEGEE-Europe qui viendra notamment apporter le soutien décisif au programme Erasmus condamné aux oubliettes des bureaucrates et technocrates nationaux.

 

En 1985 alors étudiant en économétrie à La Sorbonne. Philippe Micaelli (Mica) a fait partie de la toute première équipe des concepteurs-fondateurs du projet EGEE1. Aujourd’hui chef d’entreprises il mène parallèlement à sa vie professionnelle une activité dans la société civile au niveau européen, notamment avec IDE, Prometheus-Europe, Newropeans2009 dont il a été une des têtes de liste en France aux élections européennes 2009.

 

Pour lui EGEE1 : “C’était un mélange de soirées mémorables et d’un véritable travail de fondation d’AEGEE sur des principes nouveaux de ce qui allait encore exister 25 ans plus tard.

 

¤ MRC: En avril 1985 quelles études suiviez-vous?
Philippe Micaelli (PM): Économétrie à Paris 1 – Panthéon – Sorbonne.

 

¤ Quel était votre rôle dans l’organisation d’EGEE 1?
(PM): Plus particulièrement: logistique, finances, négociations avec les partenaires.

 

¤ Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre part à l’organisation de cet évènement?
(PM): De participer à l’organisation de la première manifestation européenne réunissant des étudiants de différent pays européens.

 

¤ Racontez-moi ce 16 avril, étiez-vous excité par le lancement d’EGEE 1?
(PM): La conviction d’avoir fait avancer l’idée européenne auprès des jeunes et l’immense joie d’avoir réalisé ce qui semblait irréalisable.

 

¤ Que s’est-il passé pendant la semaine?
(PM): C’était un mélange de soirées mémorables et d’un véritable travail de fondation d’AEGEE sur des principes nouveaux de ce qui allait encore exister 25 ans plus tard (par exemple pas de niveau national).

 

¤ Quelle a été pour vous la réussite la plus importante de cet évènement?
(PM): Prouver qu’il est possible d’impulser de nouvelles idées politiques (au sens citoyen du terme) en cassant des schémas établis.

 

¤ Quel est votre meilleur souvenir?
(PM): L’arrivée de tous les étudiants à la Sorbonne.

 

Et le plus mauvais?
(PM): La fin de la manifestation.

 

¤ En quoi ce congrès vous a-t-il poussé à construire le réseau AEGEE?
(PM): La preuve était faite que les jeunes générations étaient capables de travailler ensemble, et que nous pouvions prendre en main notre destin commun européen.

 

¤ Pouvez-vous me dire quelle dimension ce congrès avait pour vous avant et après?
(PM): Avant: une très forte mobilisation collective pour réaliser d’une manifestation ludique au niveau européen qu’aucun groupe de personnes n’avait tenté auparavant.

Après: la création du premier réseau étudiant européen sans niveau national capable d’être un exemple de fonctionnement et avec force de propositions concrètes.

 

¤ Aviez-vous anticipé sa dimension politique?
(PM): Oui. C’est pour cela que nous, tous les membres fondateurs, avons tous démissionné du Comité Directeur quand nos cursus étudiants étaient terminés.

 

¤ Et pour le futur des étudiants en Europe?
(PM): Plus il y aura d’échanges au niveau européen de cursus et d’étudiants entre universités et/ou grandes écoles, mieux seront préparées les nouvelles générations.

 

¤ Et pour l’avenir de l’Europe?
(PM): L’Europe est une entité fragile et récente. Il faut profiter de la connaissance historique du passé pour anticiper la nécessaire mise en œuvre de politiques pérennes et porteuses d’avenir.

 

¤ A partir de cette expérience quelles recommandations voudriez-vous donner aux jeunes générations en Europe aujourd’hui?
(PM): Ne pas céder aux sirènes de la compromission. Passer outre les idées reçues. Refuser des situations de rente. Se rendre capable de se remettre en question. Primer le bon sens. Penser collectif.

 

¤ 25 ans après, que faites-vous dans la vie?
(PM): Après 10 années en tant que trader sur les marchés financiers, j’ai créé plusieurs sociétés dans des domaines assez différents : intermédiation financière (société cotée à la Bourse de Paris), consulting méthodologique (Finamer Consulting), gestion du secret en informatique (Item Centric / Olmek). En ayant toujours avec la même volonté d’innovation, de lutter contre les idées toutes faites, de ne pas perdre de vue le bon sens et de ne pas oublier les fondamentaux. Parallèlement à ma vie professionnelle, j’ai toujours mené une activité dans la société civile au niveau européen (notamment avec Newropeans où j’étais une des têtes de liste aux dernières élections européennes).

 

Note: Aujourd’hui Philippe Micaelli est directeur du développement des affaires & partenariats chez Qwant

 

Marianne Ranke-Cormier