« La réflexion sur l’avenir n’a de sens que si elle est permet de mieux réfléchir sur le présent et les tendances qui le façonnent »
(FB - 1998)
« Les forces anti-démocratiques et xénophobes de l’Europe ont toujours été attirées par le rêve d’unité européenne, la mystique de la Rome impériale »
(FB - 1998)
" Etre citoyen est un acte bénévole "
(FB - 2009)

Discours d’Athènes « Réinventer l’Europe ». Lancement du Projet Europe 2020 de Prometheus-Europe (1998)

Remerciements:

Je tiens avant à remercier Messieurs les Ministres et Monsieur le Maire d’Athènes qui nous ont permis d’être ici, ce soir, en ce lieu magnifique et chargé de sens. Je souhaite aussi bien sûr remercier tous ceux, intervenants et participants qui sont venus si nombreux lancer le Projet Europe 2020 et entamer avec nous cette réinvention de l’Europe. Et, je remercie tout particulièrement les nombreux membres de Prometheus-Europe et du Club Prometheus-Athènes, en particulier son Président, Constantin STEPHANIDES, qui ont créé cet événement. Sans eux, le Projet Europe 2020 serait resté une simple idée. Alors qu’aujourd’hui, dans ce lieu bruissant de 2.500 d’histoire et de débats, il devient une composante de l’avenir de l’Union Européenne. Encore une fois pour vos efforts et votre dynamisme, merci au nom de Prometheus-Europe et des milliers de citoyens européens qui dans les mois qui viennent vont participer au Projet Europe 2020.

 

Introduction:

Il y a 2500 ans, ici même, nos hôtes d’aujourd’hui, les Grecs, inventaient la démocratie qui allait devenir l’un des piliers de la culture européenne.

Aujourd’hui, ici même, avec cette conférence « Réinventer l’Europe » et le lancement du Projet Europe 2020 sur Internet, nous allons essayer de marier cette tradition démocratique avec le processus d’unification européenne, en utilisant cette nouvelle Agora continentale que peut devenir I ‘Internet.

Mais avant d’aller plus avant, permettez-moi de m’interroger, de nous interroger sur cette ambition qui est la notre: Réinventer l’Europe.

 

1. Quelle légitimité avons nous? Quelle crédibilité?

Je crois qu’on trouve la réponse à ces questions dans l’histoire:

. notre histoire en tant que mouvement,

. l’histoire récente de l’Union,

. le changement des générations

. et l’opinion des Grands Anciens de l’Europe.

– Dans notre histoire d’abord: Car la préparation de cet avenir, dans 20 ans, c’est notre histoire depuis 1985! Nous avons en effet déjà commencé à préparer l’Europe 2020 il y a déjà 13 ans.

. Avec la création d’AEGEE-EUROPE il y a 13 ans, nous avons entamé un processus de production de nouvelles élites européennes, ayant appris l’Europe hors des systèmes administratifs, sur une base intégrée, pouvant « importer » l’Europe à tous les étages de nos sociétés. Ce sont aujourd’hui plus de 100.000 étudiants, futures élites communautaires qui ont suivi cette « formation » alternative, citoyenne! Et cela continue, leur présence ici, aujourd’hui à nos côtés en est la preuve!

. Avec IDE, nous avons en 1988, expérimenté (et nous sommes toujours les seuls à ce jour), les conditions d’une campagne d’un même parti dans plusieurs pays simultanément car il faudra bien demain doter l’Europe de vrais partis capables de représenter les communautés d’opinion d’Helsinki à Athènes.

. Avec Prometheus-Europe, depuis 9 ans, nous avons développé notre connaissance et notre réflexion sur le système communautaire et ces nécessaires évolutions dans le sens de la transparence, de la démocratisation et de l’efficience; tout en stimulant les réactions internes du système contre le gaspillage, la corruption et l’opacité. Nous sommes lus, écoutés, voire même entendus depuis quelques mois, au plus haut niveau du système: Etats-Membres, Commission, parlement, Cour des Comptes.

Nous avons aussi contribué à faire émerger une nouvelle génération de fonctionnaires communautaires, conscients des nécessités de changement et fortement attachés aux trois principes évoqués.

Et, enfin, nous avons construit un réseau mondial unique en son genre réfléchissant aux relations entre l’Europe et les autres continents car la globalisation veut dire: dorénavant, on ne peut plus penser à l’avenir tout seul si on veut pouvoir l’influencer. Et Prometheus est aujourd’hui connu de Pékin à Istanbul, du Caire à Lima, de New-York à Moscou.

– Dans l’histoire récente de l’Union: Car avec le passage à l’Euro désormais programmé pour 2002, nous sommes certains que l’Union européenne entrera à cette date dans une forte zone de chaos social et politique. L’arrivée de l’Euro dans les poches de 350 millions de citoyens aura pour conséquence inverse d’injecter brutalement 350 millions de citoyens dans un système communautaire qui fonctionne aujourd’hui avec quelques milliers d’acteurs réels. On risque alors d’assister à une embolie démocratique du système. Ce chaos, s’il n’est pas anticipé dès aujourd’hui, ne pourra pas donner naissance à une réforme constructive du système. Or cette réforme est d’autant plus nécessaire que quelques années plus tard, entre 2006 et 2010 se profile la première vague d’élargissement à l’Est qui, elle aussi, bousculera nombre d’habitudes communautaires héritées des années 50 et 60. Ce sont donc deux chocs majeurs prévisibles qui s’annoncent.

– Dans le changement des générations: Car nous incarnons depuis plus de 13 ans, les chemins nouveaux ouverts par les premières générations nées dans la Communauté Européenne. Fondés sur les réalisations essentielles des générations qui nous ont précédées, mais conscients que l’avenir ne se construira pas en respectant religieusement les méthodes, organisations et reliques des années 50 et 60.

Quelle autre génération? Nous sommes de  celles qui montent et seront encore là dans 20 ans. Il y a des gens de tous âges, de toute génération, de toute formation, … qui agissent pour construire l’Europe de demain. Mais il leur faut un cadre d’action qui fasse que leurs énergies s’additionnent, que leurs efforts se renforcent, que leurs idées s’enrichissent. Nous avons besoin, un besoin crucial de l’expérience des anciens, mais dans un cadre nouveau, celui que nous essayons d’inventer depuis 13 ans. Pas l’inverse. Aujourd’hui, nos générations doivent se préparer à maîtriser une Europe déjà construite. Il ne s’agit plus de poursuivre un but ‘l’unité de l’Europe’ ; mais de savoir quoi faire avec cette Europe!

– Dans les Grands Anciens de l’Europe: Car, des représentants éminents des générations qui nous ont précédé sur le chemin de la construction européenne, nous encouragent depuis des années à aller de l’avant dans cette voie innovante. Depuis 1985, presque tout ce que l’Europe compte de chefs d’Etat, de gouvernement, de ministres ou de commissaires, a parrainé l’une ou l’autre de nos activités. aujourd’hui encore nombreux sont les commissaires européens et les Ministres qui nous encouragent. Plus personnellement, je retiens les mots de trois européens historiques avec qui j’ai eu la chance de m’entretenir à plusieurs reprises: M. MITTERRAND, quand il était Président, M. BRUGMAN (Fondateur du Collège de Bruges), M. GAZZO (fondateur de l’Agence Europe). Tous les trois m’ont dit et répété combien notre action était importante « pour l’avenir de l’Europe ».

Le premier nous a apporté un soutien décisif à plusieurs reprises et nous a écouté quand nous lui avons demandé d’intervenir publiquement pour débloquer ERASMUS. Les deux autres m’ont confié qu’à leurs yeux notre action constituait une composante essentielle des prochaines années. Le prof. BRUGMANN m’a même dit en 1987 à La Haye, lors du 3 0 congrès d’AEGEE, et il me l’a a répété lors de la campagne d’IDE: « Ce que vous faites avec vos collègues constitue l’action la plus importante pour l’avenir de l’Europe que j’ai eu l’occasion de voir depuis 30 ans » et, a-t-il ajouté, « croyez-moi, j’en ai vu beaucoup! » La génération des fondateurs, que nous avons connu à la fin des années 80, avant qu’elle ne s’éteigne, nous l’a donc dit: inventez de nouvelles formes d’action, de nouveaux mouvements. Ignorez les vieux mouvements, moribonds et sclérosés qui sont enlisés dans les concepts et méthodes des années 40 et 50.

Alors, pour toutes ces raisons, je crois que nous pouvons répondre en toute sérénité que nous sommes légitimes, que nous sommes crédibles. Et j’irai même plus loin, en pensant en terme de responsabilité, nous sommes responsables de cet avenir de l’Europe car SI nous ne nous en préoccupons pas activement, qui va le faire?

 

2. Réinventer l’Europe est donc bien notre problème. Alors, comment l’Europe va-t-elle aborder ces 20 prochaines années?

D’abord, laissez moi vous racontez une petite histoire pour illustrer mon propos:

Il était une fois quinze nains qui construisirent un Immense autobus. Il y travaillèrent durement, pendant des années. C’était un projet très ambitieux car cet autobus était vraiment très grand. Puis, quand ils eurent fini cet immense autobus, ils y firent monter leurs nombreuses familles et le bus démarra. Le problème survint alors dans la cabine du conducteur, heureusement protégée par une vitre opaque, quand les 15 nains réalisèrent qu’il n’y avait qu’un seul fauteuil, un grand fauteuil à l’échelle de l’autobus, pas à l’échelle des nains, un seul grand volant, un seul accélérateur, un seul frein, . . Ils essayèrent de conduire à 15 en se partageant les tâches, mais l’autobus prenant de la vitesse, il apparut vite que cette solution était très dangereuse. Des disputes commencèrent donc dans la cabine pour savoir quoi faire! et les passagers commencèrent à sentir les trous de la route, les coups de frein, les coups de volants, et les éclats de voix. Pourtant, de la cabine venait toujours un message rassurant: « Ne vous inquiétez pas. tout va bien! »! Mais l’inquiétude croissait quand même.

Eh bien, l’UE des prochaines années, c’est cet autobus . . où s’entassent 350 millions de passagers!

Avec l’Euro, l’autobus a démarré.

Et je suis très inquiet sur le bon déroulement du trajet.

Une grande crainte s’insinue en effet en moi, peu à peu, depuis quelques mois. Et je sais que beaucoup d’entre nous la partage.

Et si l’Histoire allait rejouer un nouveau tour à l’Europe qui toujours a poursuivi son unité et l’a vu s’évanouir au moment où elle croyait le saisir? Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler ce texte magnifique de Stefan ZWEIG, dans ses Mémoires d’un Européen, où il décrit combien avant 1914 les générations montantes étaient persuadées que « l’Europe, c’était fait »: avions, voitures, téléphones, tourisme, paix depuis plusieurs décennies, … tout paraissait indiquer que l’Europe était enfin en train de se faire. Et puis, nous connaissons la suite! Or, si je parle beaucoup ici de générations, car je crois qu’elles ont des responsabilités spécifiques, celles d’affronter les dangers de leur époque et de concrétiser son potentiel; jamais je ne considère qu’une génération est plus intelligente qu’une autre. Elles sont toutes équivalentes en terme de potentiel humain. La génération de Zweig en 1913, qui devait avoir la trentaine, comme beaucoup d’entre nous ce soir, n’était ni plus, ni moins aveugle que nous aux étranges cheminements de l’Histoire. Mais en revanche, grâce à notre meilleure connaissance collective de l’Histoire aujourd’hui, nous bénéficions d’un léger avantage que nous devons utiliser. Cet avantage, c’est de savoir combien l’Histoire peut-être pleine d’une ironie terrible!

  • Et, si je suis inquiet aujourd’hui, c’est que cette crainte commence à prendre une f01-me précise du fait des récentes évolutions politiques dans certains Etats-Membres, du fait de notre connaissance intime du système communautaire, à la lumière de notre histoire commune. !
  • Je suis inquiet car il n’y a pas en effet que les forces démocratiques et ouvertes qui, en Europe, ont cherché l’unification du continent. C’est un projet partagé depuis des siècles par les forces les plus opaques, les plus perverses de notre civilisation: les forces de l’ostracisme, du racisme, de l’antidémocratie.
  • Je suis inquiet car notre système communautaire actuel n’est pas « anti-démocratie proof’, loin de là. il est avant tout une construction administrative, voire bureaucratique, où les peuples n’ont pas leur place, où les décisions viennent toujours d’en-haut.
  • Je suis inquiet car, au souvenir de notre histoire, à l’Est comme à l’Ouest, où nous avons vu l’incroyable propension des machines administratives, des bureaucraties, à s’accommoder des pires idéologies pour peu qu’elles ne remettent pas en cause leur avantages, je suis inquiet.
  • Je suis inquiet car, demain, avec l’introduction de l’Euro, nos peuples vont être propulsés brutalement dans le système communautaire, dans un système où ils n’ont pas de place prévu, , dans un système qui les perçoit comme inopportun voire dangereux.
  • Je suis inquiet car, demain, encore plus d’aujourd’hui, le processus de construction communautaire générera ces extrémismes conséquence naturelle de l’intégration accrue et des changements qu’elle déclenche ou accompagne.

Et les deux points communs de ces extrémismes seront partout d’abord d’être antidémocratiques, avant même d’être racistes ou xénophobes.

Et paradoxalement, deuxième point commun, de pouvoir être aussi pro-européen. Mais d’une Europe obscure, rejetant ce qui n’est pas elle et se définissant étroitement sur des bases raciales et religieuses; d’une Europe où les politiques clés seront des politiques policières, d’une Europe cauchemar pour tout ceux qui soutiennent la construction communautaire de ces dernières décennies; une Europe trahison du Traité de Rome.

  • Je suis inquiet car, vers 2006-2010, dans les remous de l’Euro, à la faveur de l’élargissement, les chocs vont s’accroître, l’importance de ces mouvements antidémocratiques aussi. Ils cumuleront dans de bizarres cocktails démago-politiques des réflexes nationalistes avec des aspirations à une Europe fermée et autoritaire.
  • Et, si je suis inquiet, très inquiet, c’est que je ne vois que trop bien ce que fera le système communautaire actuel s’il est confronté dans 10 ans à des votes nationaux où des Le Pen ou Georg HAIDER ou Gianfranco FINI obtiennent 40% des voix, et que cela se passe dans 6,8, 12 Etats-Membres ou plus. Et je préfère ne même pas imaginer les conséquences s’ils arrivent au pouvoir dans ces mêmes Etats. Et qu’on ne me dise pas que si la croissance est au rendez-vous, tout ira bien! d’abord, je n’aime pas jouer à la roulette (ce qui correspond aux moyens d’assurer ce rendez-vous avec la croissance) le destin de 350 millions de personne; d’autre part, c’est une conviction erronée, ce sera pire si la croissance n’est pas au rendez-vous ce qui n’est pas exactement la même chose!

3. Alors, pour moi, pour nous dans Prometheus-Europe, comme dans ce vaste Mouvement Europe 2020 qui va se développer à partir d’Athènes, dans le monde réel et sur l’internet, les enjeux sont clairs; les choix aussi.

  • Nous voulons une Europe 2020 démocratique … donc, nous devons démocratiser le système communautaire actuel … car une Europe non démocratique n’a pas d’avenir sauf pour les apprentis dictateurs.

La démocratie en tant qu’état stable n’existe pas; seul existe la démocratisation, un processus sans fin qui vise à essayer de soumettre aux choix des citoyens le pouvoir qui prend toujours de nouvelles formes. donc, comme nombre de générations avant nous, et comme nombre de générations après nous, attelons nous à cette tâche

  • Nous voulons une Europe transparente …. donc, il nous faut agir, proposer pour simplifier les procédures, améliorer la connaissance des mécanismes, … car une Europe opaque n’a pas d’avenir sauf pour les mafias.
  • Nous voulons une Europe efficiente … donc, il nous faut proposer des méthodes meilleures, mais aussi surveiller critiquer les gaspillages, la mauvaise gestion car une Europe inefficiente n’a pas d’avenir … sauf pour la corruption.
  • Nous voulons une Europe qui explore la voie du développement durable … donc il nous faut proposer des méthodes, des pistes économiques et politiques, qui permettent que dans 20 ans notre environnement ne soit pas détruit … car une Europe qui pille son environnement … contribuera à creuser notre tombe commune et ne pourra pas entraîner les autres continents sur les voies qui préviennent les catastrophes naturelles.
  • Enfin, nous voulons une Europe dans le monde qui soit sereine, active, sans complexe mais consciente de son histoire et de ses conséquences, … donc il nous faut contribuer à préparer l’organisation du monde de demain (réforme de l’ONU, intégrations régionales, essayer d’en maîtriser les forces sauvages (globalisation, terrorismes, crime organisé, maladies ) car un monde désorganisé ne laissera aucune chance à une Europe unie et démocratique.

4. Méthode: 2020 cela paraît loin

Mais quand vous le rendez concret, comme nous le faisons avec les Euro-portraits sur le web, vous vous rendez compte que c’est très proche. Votre enfant qui a 13 ans aujourd’hui, n’en aura que 35 alors. A peine un jeune père, au début de sa vie professionnelle et familiale. Voilà pourquoi il faut se préoccuper du chemin des 20 prochaines années dès maintenant.

Certes le Projet Europe 2020 est ambitieux. Mais on ne se mesure pas à un continent et à l’avenir sans ambition. Et nous pouvons compter sur un grand nombre de soutiens et de partenaires pour rejoindre ce vaste Mouvement Europe 2020, aussi divers et nombreux que la société européenne elle-même:

  • nombreux sont les fonctionnaires européens ou nationaux s’occupant de l’Europe qui aspirent à un changement profond du système, de leurs conditions de travail, de leur rôle,
  • nombreux sont les dirigeants politiques qui perçoivent combien l’étroitesse du cadre national étouffe leurs marges de manoeuvre et les coupent de plus en plus des opinions publiques. Il faut restaurer le politique, faute de faire le lit des mouvements antidémocratiques. et seul le niveau européen peut lui redonner un espace d’action.
  • nombreuses sont les associations, les collectivités locales, les universités, . qui déjà impliquées dans les actions ou programmes européens, aspirent à être autre chose que des bénéficiaires de subvention pour l’ éternité  nombreux sont les citoyens qui souhaitent pouvoir débattre et s’organiser avec leurs concitoyens d’ autres pays de I ‘Union sur des thèmes d’intérêt commun
  • nombreuses sont les entreprises qui savent que c’est en développant la capacité de leurs employés d’aujourd’hui et de demain à se mouvoir sans problèmes dans l’espace européen qu’elles pourront être mieux à même d’ affronter la compétition interne et surtout venue du reste du monde
  • nombreux sont les journalistes qui, frustrés de ne pas comprendre les complexes mécanismes de l’Union, ressentent qu’ils ne peuvent pas jouer leur rôle de contre-pouvoir démocratique.

Certes le Projet Europe 2020 est complexe. Mais depuis 13 ans nous avons construit et développé les organisations européennes les plus complexes et les plus innovantes. Alors, utilisons cette expérience. Et la solution à cette complexité passe justement par la multiplicité et la diversité des partenaires du Projet Europe 2020. Et puis nous n’avons pas la prétention d’apporter les réponses aujourd’hui. Nous espérons seulement que ces 13 années d’action à travers toute l’Europe nous ont appris à poser de bonnes questions et à savoir écouter les réponses. C’est d’ailleurs comme cela qu’est conçu le document introductif au Projet Europe 2020: un ensemble organisé de questions. et croyez-moi, il nous en a fallu du temps pour définir et f01muler ces questions. C’est une méthode originale que nous revendiquons comme moderne. Maintenant à chacun d’apporter sa touche à ce tableau impressionniste de l’Europe 2020 que nous dévoilerons en Mars 1999.

Et nous essaierons d’aider à donner une forme compréhensible à ce tableau car, depuis 13 ans, nous avons appris à essayer de combiner de façon fructueuse, enrichissante ces diversités de pays et de fonctions:

  • appris à connaître l’Union comme notre poche: ses institutions et ses peuples développé des méthodes pour réunir les Européens, les faire réfléchir et travailler ensemble, sans aucun équivalent construit des outils, des organisations innovants pour essayer de maîtriser cette nouvelle dimension européenne, son espace, sa taille, sa complexité
  • développé des partenariats avec les nouvelles générations de tous les continents pour comprendre, anticiper, et essayer d’orienter les influences venues du reste du monde
  • et diffuser aussi nos analyses
  • et gardé notre indépendance, de toute institution, de tout Etat, de tout parti politique, de toute église … aujourd’hui, cette conférence se déroule sans subventions. Vous, nous avons payé notre propre réunion. L’internet, par son faible coût, nous permettra d’ailleurs de continuer ainsi.

 

En tout état de cause, le projet Europe 2020 est nécessaire. Car l’Histoire n’est jamais écrite. Elle est toujours pleine de potentiels qui s’imposeront ou pas. Une seule chose est sûre: quand on n’essaye pas de promouvoir sa vision de l’avenir, et de s’opposer aux dangers que l’on perçoit, l’Histoire suit toujours des chemins autres que ceux que vous espérez.

Les 9 prochains mois vont donc accoucher grâce à tous nos efforts conjoints (et n’oublions pas qu’au-delà de ceux qui sont aujourd’hui ici présents dans l’Agora, il y a les milliers de partenaires du Projet 2020 sur Internet), de l’Agenda Europe 2020, qui constituera la première vision, émanant de la société civile européenne, de ce que peut être le chemin de la construction européenne des 20 prochaines années. En Mars 99, cette vision collective sera diffusée dans toute l’Europe, à quelques mois de I ‘élection au parlement Européen et du choix de la nouvelle Commission.

L’avenir doit déjà avoir un impact à court terme car nos générations ne veulent plus des « lendemains qui chantent » . dans mille ans! L’avenir doit commencer aujourd’hui.

Ce nouveau Parlement comme cette nouvelle Commission auront une responsabilité immense: préparer le système communautaire à l’arrivée massive des peuples à partir de 2002.

Nous espérons que le Projet Europe 2020 aidera tous ceux en Europe que l’avenir de l’Europe préoccupe. Et nous savons qui cette adaptation du système n’est pas réalisée, c’est le scénario obscur qui se mettra en place dans la foulée de l’Euro.

Notre tâche collective est immense. Mais nous n’avons pas le choix: de toute façon, nous aurons à inventer l’Europe 2020. Ce que nous proposons aujourd’hui ici et sur Internet, c’est d’essayer d’en être des acteurs plutôt que des spectateurs.

Et votre présence ici aujourd’hui dans ce lieu historique fondateur m’assure que notre objectif, réinventer l’Union Européenne en la fondant sur sa tradition démocratique (donc l’Agora d’Athènes), est bien lancé. La scène est grandiose; les acteurs sont nombreux et motivés. Le Projet Europe 2020 peut donc commencer.

A vous et aux citoyens européens de jouer!

 

Franck BIANCHERI, 24/05/98